Les myosites (aussi appelées myopathies auto-immunes) sont des maladies rares et complexes qui causent de l’inflammation dans les muscles et provoquent ainsi une faiblesse musculaire.
D’autres organes peuvent être atteints par les myosites et incluent notamment : la peau, les poumons, le cœur et les articulations. Une prise en charge rapide est nécessaire afin de prévenir l’apparition de dommages dans les muscles et les autres organes impliqués.
Il existe 4 grandes familles de myosites :
Myopathie inflammatoire idiopathique (MII) rare dont le phénotype est hétérogène, caractérisée par une myosite associée à un ou plusieurs signes cliniques et/ou auto-anticorps spécifiques d'un syndrome de chevauchement. La myosite est associée à un ou plusieurs signes cliniques présents dans d'autres maladies parmi lesquelles la polyarthrite, le syndrome de Raynaud, la sclérodactylie, la sclérodermie (proximale jusqu'aux articulations interphalangiennes), la pneumonie interstitielle pulmonaire et/ou les signes cliniques du lupus érythémateux disséminé (LED).
La myosite de chevauchement (MC) est un sous-type de myopathie inflammatoire peu reconnu et hétérogène sur le plan clinique. Les patients présentant une myosite et un signe clinique et/ou un auto-anticorps caractéristiques d'autres pathologies sont considérés comme atteints d'une MC. Les maladies dont les signes cliniques se chevauchent avec ceux de la MC sont la polyarthrite, le syndrome de Raynaud, la sclérodactylie, la sclérodermie (proximale jusqu'aux articulations interphalangiennes), la pneumonie interstitielle pulmonaire et/ou le lupus érythémateux disséminé (LED). La myosite est associée à un ou plusieurs anticorps présents dans d'autres maladies parmi lesquelles la connectivite mixte (MCTD avec la présence d'anticorps anti-RNP), le LED (fortement associé à la présence d'ANA), et/ou certaines myopathies inflammatoires telles que le syndrome des antisynthétases (anti-JO1).
Les myosites associées aux connectivites sont les plus fréquentes des myopathies inflammatoires de l'adulte. La sclérodermie systémique (SS) est la connectivite la plus pourvoyeuse de myosite, selon une étude. Les myosites peuvent aussi s'associer au lupus érythémateux systémique (LES). L'atteinte musculaire au cours des connectivites est de bon pronostic vu la rareté des complications (les troubles de la déglutition, l'atteinte des muscles respiratoires et la myocardite) et la bonne réponse à la corticothérapie.
Faiblesse musculaire
Le symptôme principal de la myosite est généralement la faiblesse musculaire, principalement dans les épaules et dans les hanches. Les personnes atteintes de myosite peuvent avoir du mal à lever les bras au-dessus des épaules, soulever des objets lourds, monter les escaliers ou à se relever d’un siège. Il peut également y avoir une atteinte des muscles du cou et du dos avec de la difficulté à soulever la tête d’un oreiller. Dans certains cas, les muscles de la déglutition sont atteints ce qui résulte en une difficulté à avaler les aliments.
Éruptions cutanées
La dermatomyosite est une forme de myosite associée à la présence d’éruptions cutanées particulières, qui peuvent se manifester avant, pendant ou après la faiblesse musculaire. Les éruptions cutanées apparaissent généralement dans les zones de la peau qui sont exposées au soleil, par exemple le visage (les paupières, les joues), le cuir chevelu, le cou, la poitrine et les bras (autour des jointures et des ongles), mais elles peuvent également se former sur les coudes, les genoux, les chevilles, le haut des bras et les cuisses. Elles prennent souvent une teinte rouge violacé et peuvent s’accompagner d’un léger gonflement.
Symptômes cardiopulmonaires
La myosite peut affaiblir les muscles nécessaires à la respiration et ainsi causer l’essoufflement. Certaines personnes peuvent également présenter une inflammation et/ou une fibrose des poumons qui peut contribuer à l’essoufflement et provoquer de la toux. Plus rarement, la myosite peut provoquer une inflammation du muscle cardiaque (« myocardite ») et éventuellement entraîner des troubles du rythme cardiaque (« arythmie ») ou une faiblesse cardiaque (insuffisance cardiaque) ce qui peut engendrer de l’essoufflement ou de l’enflure des jambes.
Phénomène de Raynaud
La myosite peut s’accompagner d’une décoloration (successivement blanc, bleu et/ou rouge) du bout des doigts occasionnée notamment par le froid.
Douleur/gonflement articulaire
Occasionnellement, une inflammation des petites articulations des mains peut précéder ou accompagner la faiblesse musculaire.
Autres manifestations des connectivites
Toutes les atteintes d’organes habituelles de la sclérodermie, du lupus et du Sjögren peuvent être retrouvées dans la myosite.
Questionnaire détaillé et examen physique
Analyses de laboratoire
Électromyogramme (EMG)
L’EMG mesure l’activité électrique dans les muscles au moyen d’électrodes appliquées sur la peau et peut être anormal dans la myosite.
Imagerie par résonance magnétique (IRM)
L’IRM est une technique d’imagerie qui utilise des champs magnétiques plutôt que des radiations pour produire une image des muscles. Elle permet de détecter l’inflammation et les dommages musculaires qui peuvent résulter de la myosite.
Biopsie musculaire
La biopsie consiste à prélever un petit morceau de muscle (généralement au niveau de l’épaule ou de la cuisse) sous anesthésie locale, qui sera ensuite examinée au microscope.
Explorations cardiaques
Des investigations complémentaires comme l’électrocardiogramme (ECG), l’échographie cardiaque ou l’IRM cardiaque permettront d’évaluer la présence et la gravité d’une atteinte cardiaque.
Explorations pulmonaires
Des investigations complémentaires comme les tests de fonction respiratoire ou un scan thoracique permettront d’évaluer la présence et la gravité d’une atteinte pulmonaire.
Capillaroscopie
La capillaroscopie est un examen simple et non douloureux, réalisé au niveau des mains et qui permet de rechercher des anomalies des petits vaisseaux sanguins appelés capillaires, situés au pourtour des ongles.
L’intégralité ou une partie de ces différents outils diagnostics peuvent être mis en œuvre par votre médecin traitant en fonction de votre situation.
La myosite peut être traitée à l’aide de médicaments immunosuppresseurs et d’une rééducation musculaire. Les immunosuppresseurs serviront à réguler le système immunitaire et bloquer l’inflammation musculaire. Les immunosuppresseurs sont habituellement administrés en association avec des corticostéroïdes (« cortisone ») initialement à dose élevée (³ 60 mg par jour). Si l’atteinte musculaire est jugée initialement trop sévère, le médecin pourrait également proposer l’administration d’un produit sanguin appelé des immunoglobulines intraveineuses pendant quelques mois.
La rééducation musculaire en physiothérapie est un aspect important du traitement des patients et vise la réduction de l’inflammation et la reconstitution de la force musculaire.
Lorsque la maladie musculaire est très active, on recommande généralement un programme d’exercice léger. Une fois l’inflammation maîtrisée, l’entraînement musculaire devrait s’intensifier afin de prévenir une perte de force musculaire. L’encadrement du médecin et d’un physiothérapeute permettra d’orienter les patients vers un programme d’exercice adapté selon leurs capacités cardiorespiratoires.
La clinique des myosites est associée au laboratoire de recherche en auto-immunité du Centre de recherche du CHUM et membre du CIMS (Canadian Inflammatory Myopathy Study).
Tous les patients avec myosites peuvent participer aux cohortes de recherche et ainsi contribuer à améliorer nos connaissances sur ces maladies rares.
Consulter les articles scientifiques publiés sur les myosites par les médecins de la clinique des myosites du CHUM sur PubMed.
Pour plus d’informations sur les myosites, nous vous invitons à consulter le site web de la Société de l’Arthrite du Canada
Source : Clinique des myosite du CHUM